Bibliographie
David Lemming (dir.), Beauford Delaney: Liquid Light, Paris Abstractions, 1954-1970, cat. exp. New York, Michael Rosenfeld Gallery, 1999.
Patricia Sue Canterbury (dir.), Beauford Delaney: From New York To Paris, cat. exp. Minneapolis, The Minneapolis Institute of Arts, Seattle, University of Washington Press, 2006.
Stephen C. Wicks (dir.), Beauford Delaney and James Baldwin: Through the Unusual Door, cat. exp. Knoxville, Knoxville Museum of Art, 2020.
Né dans un milieu pauvre marqué par la ségrégation raciale, Beauford Delaney quitte son Tennessee natal pour suivre des études d’art à Boston avant de s’installer à New York en 1929, attiré par la Renaissance de Harlem, mouvement de renouveau de la culture africaine-américaine qui connaît son apogée durant l’Entre-deux-guerres. Il se lie d’amitié avec des figures de la scène littéraire et musicale et exécute de nombreux portraits de l’intelligentsia noire, dont Duke Ellington, W.E.B. Du Bois ou, plus tard, James Baldwin.
Personne profondément introvertie et privée, il reste plutôt isolé en tant qu’artiste malgré ses succès, peinant à concilier les différentes composantes de son identité noire et homosexuelle dans une société profondément raciste et homophobe. L’émergence d’une nouvelle génération d’artistes expressionnistes abstraits à Greenwich Village, où se situe son studio, ne fait qu’accentuer cette pression.
En 1953, il s’installe à Paris, à la recherche d’une plus grande liberté personnelle et artistique. Il y rejoint un groupe d’expatrié.e.s africain.e.s-américain.e.s et s’engage dans une abstraction lyrique où il poursuit son exploration des effets de la couleur et de la lumière. À l’instar de Mémoire, ses compositions occupent souvent la totalité de la surface de la toile sans hiérarchie entre les plans. Cette technique dite all over est un moyen de se laisser entièrement absorber par la couleur, notamment le jaune qui, par son association symbolique au soleil, l’aide à traverser des périodes de grande détresse psychologique et d’instabilité économique. En entremêlant ici le jaune avec des pigments verts, il crée un effet de vibration subtil, une impression de mouvement et de fluidité qu’il décrit comme «la pénétration de quelque chose qui est plus profond à bien des égards que la rigidité d’une forme».