Bibliographie
Miriam Cahn. zeichnen/drawing/dessiner, Fribourg, Modo, 2014.
Miriam Cahn. Arbeiten von 1976-1988, cat. exp. Hanovre, Kunstverein Hannover, Berlin, Haus am Waldsee, 1988.
Stiller Nachmittag. Aspekte Junger Schweizer Kunst, cat. exp. Zurich, Kunsthaus Zürich, 1987.
Le dessin est le médium privilégié de Cahn depuis ses débuts. Il lui a permis de s’affranchir de la trop grande maîtrise technique qu’on lui a enseignée lors de ses études de graphisme à Bâle (1968-1973). Avec la craie et le fusain, elle peut travailler librement et rapidement, et transmettre à ses œuvres une énergie vitale en s’impliquant de tout son corps dans leur réalisation. En outre, chacun de ses gestes est consigné sur le papier. Cahn crée ses premiers dessins au sol sur des feuilles de grand format, mais aussi sur les murs de son atelier et dans la rue. Dans les années 1980, elle élargit ses techniques à la peinture et à la vidéo, et introduit progressivement la couleur dans ses œuvres. Leur exécution possède toujours une dimension performative. Cahn revendique le fait de créer de son point de vue, du point de vue d’un corps féminin qui lui sert d’interface avec le monde et qui est doté d’une mémoire sensorielle propre, à laquelle elle fait appel lorsqu’elle travaille.
Les femmes représentées par Cahn expriment souvent un fort degré d’animalité. Comme dans certains dessins de la série Morgen Grauen, l’artiste va jusqu’à jouer d’un effet zoomorphe : petits yeux lumineux, pieds palmés, bras indistincts, sans doute rabattus contre leur buste trapu ou cachés dans leur dos, ces femmes se situent entre l’humain et le volatile. Observées de face ou selon une perspective plongeante, elles semblent prises par surprise, adressant leur regard tant halluciné qu’apeuré au spectateur. Le substantif « Morgengrauen » signifie « aube ». En séparant « Morgen » [matin] de « Grauen » [horreur], Cahn suggère un lever du jour à l’ambiance ténébreuse, tout en justifiant la tonalité « grise » [grau] de ses dessins.