Bibliographie
Catherine Lepdor et Isabelle Cahn (dir.), Maurice Denis. Amour, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Paris, Hazan, 2021, cat. 82.
Anastasia Zelvenskaïa, « Maurice Denis et la Russie », in Jean-Claude Marcadé (dir.), Le dialogue des arts dans le symbolisme russe, Lausanne/Paris, L’Âge d’Homme, 2008, p. 50-67.
Jean-Paul Bouillon (dir.), Maurice Denis, cat. exp. Paris, Musée d’Orsay, Paris, RMN, 2006, p. 260-274.
Longtemps dominée par les peintres ambulants, l’école de peinture russe s’ouvre aux échanges avec l’Occident moderne au tournant du XIXe siècle. Des groupes et des revues d’orientation symboliste sont créés, tels Le Monde de l’art ou La Rose bleue. En 1908, la revue La Toison d’or organise à Moscou son premier Salon qui réunit des tableaux russes et français du post-impressionnisme ; les artistes nabis y sont largement représentés avec des œuvres de Denis, Vallotton, Vuillard et Sérusier.
Denis expose en Russie au moins quatre fois avant la Révolution d’Octobre. Ses œuvres sont commentées dans les revues d’avant-garde russes dès 1899. Il est présent aussi dans les collections privées, avec des acquisitions de Mikhaïl et Ivan Morosov, Sergueï Chtchoukine et Sergueï Scherbatoff. En 1909, il se rend à Moscou à l’invitation d’Ivan Morosov, commanditaire de L’histoire de Psyché (1908-1909), onze panneaux pour le salon de musique de son hôtel particulier. Sur place, le peintre recueille ses impressions dans son Journal et dans son Carnet de Russie. Celles-ci seront transposées dans des paysages peints, parmi lesquels des vues du Kremlin ou, comme ici, de l’église de la Transfiguration du couvent Novodievitchi.
Pour cette pochade virtuose, l’artiste retrouve sa veine nabie : le trait est rapide, l’analyse formelle synthétique, la palette d’une grande gaieté dans le contraste entre les coloris vifs de l’architecture et la blancheur de la neige. La scène s’anime d’un traîneau, et des silhouettes d’une femme et d’un pope. La date de 1908 qui figure sous la signature se réfère au calendrier julien, selon lequel Denis arrive en Russie avec son épouse Marthe le 24 décembre 1908 (6 janvier 1909).