Bibliographie
Silvia Costa Paillet, « Un quadre del Trecento Italià, donat per Francesc Cambò, es conserva al Museu de Belles Artes de Lausana », in Plancò 80, 2001, p. 16-20.
Mauro Natale (dir.), Peintures et sculptures italiennes et espagnoles : collections de Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, Les Cahiers du Musée des Beaux-Arts de Lausanne n° 7, 1998, n°1.
Laurent Golay, « Des formes de l’identification. La Naissance de la Vierge du Maître de la Madone Cini », in Entre Rome et Paris : œuvres inédites du XIVe au XIXe siècle, Les Cahiers du Musée de Lausanne n° 4, 1996, p. 3-8.
Cette représentation de la naissance de la Vierge baigne dans l’universalité de la présence divine manifestée par le fond d’or. Au centre, on voit sainte Anne alitée qui fixe le spectateur ; à gauche, cinq servantes voilées, dont l’une tient Marie emmaillotée ; à droite, une jeune fille apportant de la nourriture. Le souci du détail réaliste (tissus, tuiles, pots de fleurs) actualise l’épisode narré dans les récits apocryphes. La perspective est « signifiante », la taille des personnages étant proportionnelle à leur importance. L’architecture, qui mêle les registres profane et religieux, propose une analyse complexe de l’espace, un siècle avant l’invention de la perspective centrale.
Ce panneau exceptionnel faisait partie à l’origine d’un retable aujourd’hui démembré, dont le panneau central représentant la Vierge à l’enfant avec sainte Claire et saint François est conservé à la Fondazione Giorgio Cini à Venise, et les trois autres panneaux des deux volets latéraux (l’Annonciation, la Présentation au temple et la Mort de la Vierge) au Museu Nacional d’Art de Catalunya à Barcelone. Il témoigne d’une des pages marquantes de la peinture médiévale en Émilie-Romagne : l’explosion créatrice provoquée dans le milieu artistique local par le séjour à Rimini de Giotto, appelé par les Malatesta vers 1300 pour décorer l’abside de l’église Saint-François. L’identité de l’auteur du retable a été l’objet de nombreuses hypothèses. En raison de l’influence des modèles giottesques, on s’est d’abord servi de l’appellation « Ami de Giotto » puis, les parties du triptyque franciscain rassemblées, de celle de « Maître de la Madone Cini ». L’ensemble est aujourd’hui attribué à Francesco da Rimini.
Acquise en 1929 par le politicien catalan Francesc de Asis Cambó, la Naissance de la Vierge a été offerte au Musée par ses exécuteurs testamentaires en reconnaissance de l’hospitalité accordée par l’institution à une partie de sa collection pendant la Seconde Guerre mondiale.