Bibliographie
Paul Lang (dir.), Corot en Suisse, cat. exp. Genève, Musée Rath, Genève, Musées d’art et d’histoire, Paris, Somogy, 2010, n° 10.
Rodolphe Walter, avec le concours d’Elisabeth Foucart-Walter, Corot à Mantes, Paris, Les Éditions de l’Amateur, 1997, p. 185-186, n° XIX.
Michael Pantazzi, Vincent Pomarède et alii, Corot 1796 | 1875, cat. exp. Paris, Galeries nationales du Grand Palais, Ottawa, Musée des beaux-arts du Canada, New York, The Metropolitan Museum of Art, Paris, RMN – Grand Palais, 1996.
Dès la fin du XVIIIe et tout au long du XIXe siècle, les reliefs accidentés des hautes montagnes suisses attirent les peintres du monde entier. Corot se tient à l’écart de cette vogue du paysage sublime : en route vers l’Italie, il n’est inspiré ni par les paysages vertigineux qu’il traverse en Valais, ni par l’impressionnant col du Simplon. Chantre du paysage intime, sa préférence va aux reliefs tempérés du Jura, au calme de la rade de Genève ou encore à la douceur de la Riviera vaudoise, une région qu’il parcourt à l’été 1842, faisant étape à Ouchy, Vevey et Montreux. Moins spectaculaires, les sujets qui retiennent son attention se révèlent toutefois plus inattendus.
Pour Ouchy, près de Lausanne, Corot plante son chevalet dans la campagne, retenant un coin de pays qui ne sera représenté ni par François Bocion, attaché aux rives du lac, ni par Ferdinand Hodler, friand de points de vue élevés offrants de larges vues plongeantes sur les montagnes et l’étendue d’eau. Ici au contraire, le lac est réduit à une bande bleue. Cette vue « par l’arrière » de ce qui n’est à l’époque qu’un petit hameau de pêcheurs, est résolument terrienne : au premier plan une prairie, des vaches et des paysannes ; au plan moyen, la bourgade et le donjon de son ancien château ; à l’arrière-plan, les Préalpes détaillées avec soin, du Grammont à la Dent d’Oche.
Le réalisme et la banalité de ce motif dénué de tout pittoresque en font tout le charme. La manière est large et confiante. La lumière de l’après-midi est fraîche et directe, éclatante lorsqu’elle frappe directement la tour et le pignon d’une maison. La couleur ne s’embarrasse pas de subtilités atmosphériques. Comme souvent dans les paysages de Corot, les deuxième et troisième plans sont plus nets que le premier, travaillés avec plus de légèreté.