Bibliographie
René Berger, Jacques Monnier-Raball et alii, André Lasserre, Denges-Lausanne, Éditions du Verseau, 1981.
René Gimpel, Journal d’un collectionneur marchand de tableaux, Paris, Calmann-Lévy, 1963, p. 315-316.
Louis Vauxcelles, Huit sculptures et quarante dessins d’André Lasserre, cat. exp. Paris, Galerie Zborowski, 1928.
Avant de s’établir en 1951 à Lausanne où il se tournera vers l’abstraction constructiviste, Lasserre effectue la première partie de sa carrière à Paris. Élève d’Antoine Bourdelle à l’Académie de la Grande Chaumière, il se fait remarquer en tant que dessinateur et sculpteur animalier dans le Montparnasse en pleine effervescence du début des années 1920, et tout particulièrement en 1926 et 1928, à l’occasion de deux expositions personnelles à la Galerie Zborowski, rue de Seine.
Lasserre attire alors l’attention des collectionneurs, parmi lesquels René Gimpel qui a raconté ses visites dans son atelier. Prédisant un grand avenir à ce jeune homme qui passe le plus clair de son temps au Musée de l’Homme et au Jardin des Plantes, le marchand de tableaux note l’influence du Japon sur ses dessins réalisés au pinceau sur papier de soie. Mais il insiste surtout sur ses talents de sculpteur, sur la qualité de l’enchaînement des plans et la maîtrise des effets de masse. Cette Panthère en particulier le frappe (14 mai 1927): «dans sa panthère en bois, il a déformé la ligne pour obtenir le volume» et «[…] c’est du bois aussi lourd que le marbre. Cela lui a donné un mal infini. Quand il s’est heurté aux cercles concentriques du bois, il a dû les suivre et les tailler les uns après les autres et chaque fois en sens inverse; il suivait un sillon en tournant à droite et un autre à gauche.»
Comme Charles Despiau qu’il admire, Lasserre lutte contre l’ombre et le trou. À l’instar de Paul Jouve ou de François Pompon, il est à la recherche d’une formule synthétique qui traduise l’élan vital et la tension musculaire de l’animal. Il partage aussi avec l’Art déco le goût des matériaux durs et colorés, ici cette loupe d’amboine, ailleurs le porphyre ou la pierre de Lézinnes.