Gustave Buchet
Paravent. Baigneuses au bord de l’eau, 1923

  • Gustave Buchet (Etoy, 1888 - Lausanne, 1963)
  • Paravent. Baigneuses au bord de l’eau, 1923
  • Huile sur toile, 165 x 240 cm
  • Acquisition, 1984
  • Inv. 1984-070
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Au printemps 1920, Buchet quitte Genève pour Paris où il s’établit pour une vingtaine d’années. Dès 1922, il entretient une relation avec Marguerite Robert de Rutté, qu’il épousera en 1929. Début 1924, cette dernière ouvre une Maison de couture sous son nouveau pseudonyme, Lise Darcy. Ce commerce propose des collections de mode pour lesquelles l’artiste dessine plusieurs centaines de modèles et de cartons pour des chapeaux, des coussins, des cravates, des écharpes, des cosys, des sacs et des réticules. Les motifs qu’il imagine inscrivent sa création dans le courant formaliste des arts décoratifs, entre cubisme non figuratif et néoplasticisme.

À la même époque, Buchet conçoit aussi des paravents. Baigneuses au bord de l’eau est une commande de Guy Haviland, représentant à Paris de la Manufacture de porcelaine homonyme, un ami et un collectionneur. Les quatre grands panneaux de toile peints à l’huile montrent que l’artiste explore différents modes d’expression. Alors que, dans sa peinture et sa sculpture, il est engagé dans des recherches post-cubistes et puristes, cet objet est pour lui l’occasion de tester certaines formules rythmiques décoratives, sous les auspices d’une figuration stylisée et d’un retour à Paul Cézanne.

Ici, les silhouettes féminines, montrées de dos, de face et de trois-quarts, nues ou habillées, sont réduites à des jeux de courbes et de contre-courbes. Ces lignes simplifiées s’inspirent de l’apparence de la femme durant les Années folles, dont le buste, libéré du corset, s’allonge et s’aplatit. Le bas des robes de jour, qui sont encore longues, s’anime de soufflets, de pans flottants, de quilles, de fentes ou de volants. De larges et gracieuses capelines viennent équilibrer cette forme tubulaire.

Bibliographie

Paul-André Jaccard, Gustave Buchet. Accusé de peindre, Milan, 5 Continents Editions, 2022, p. 94-104, fig. 96.

Elizabeth Fischer et Catherine Lepdor (dir.), Modes et tableaux. Œuvres de la collection et costumes de 1700 aux années folles, Les Cahiers du Musée des Beaux-Arts de Lausanne n° 10, 2000, n° 21.

Erika Billeter (dir.), Chefs-d’œuvre du Musée Cantonal des Beaux-Arts de Lausanne: regard sur 150 tableaux, Lausanne, 1989, p. 264-265.