Bibliographie
Alain Huck, «Pause», notes de l’artiste rédigées et diffusées à l’occasion de l’exposition Alain Huck. Under the Volcano, Genève, Skopia Gallery, 2020.
David Lemaire, Alain Huck. La symétrie du saule, Genève, Musée d’art moderne et contemporain, 2015.
Après avoir exploré différentes pistes, Huck se concentre principalement sur le dessin au début des années 1990, médium lui permettant notamment de conférer une certaine fragilité à des images souvent d’une grande brutalité, en écho à la condition humaine. Ce sont aussi les mots qui l’intéressent. Il emploie le texte comme un élément de composition qui va, à sa lecture, entièrement modifier les enjeux de ce que l’on regarde.
L’installation Pause est constituée de 22 sacs de café, symboles de l’économie mondialisée. Une partie des toiles de jute ont été fabriquées au Bengale. Achetées vierges, elles ont chacune été rehaussées par l’artiste. Ce dernier y a consigné un texte issu de précédentes œuvres, accompagné du titre de la série dont elles sont tirées (par exemple, « Post Animal Beauty »), parfois d’un dessin simple, et, dans un cartouche, de la date de l’œuvre citée et du numéro d’édition (ici « 1 »). Les autres sacs ont circulé dans le cadre de l’exportation du café, en provenance d’Éthiopie, d’Indonésie, du Mexique, du Guatemala ou encore du Nicaragua, et portent une impression originale (logo, pays d’origine, code chiffré, etc.).
La circulation des biens, l’appropriation des ressources naturelles, l’exploitation de certains pays par l’Occident et les relations entre différentes sociétés du globe figurent parmi les thèmes abordés par cette installation. Les inscriptions au pochoir rappellent la violence qui sous-tend le système marchand : par exemple, les mots « Tuer comme des bêtes manger comme des hommes », qui s’entremêlent dans une double spirale, renvoient à notre rapport à l’animal, et la phrase « Il ne s’aperçoit de rien il dort » évoque autant le manque de transparence que les yeux fermés sur la réalité du commerce. En 2020, l’artiste commentait ainsi : «Ces textes constituent la matière première qui traverse mon travail et continuera de l’alimenter aussi longtemps que les félins mangeront les oiseaux »