Bibliographie
Erika Billeter (dir.), Chefs-d’œuvre du Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne. Regard sur 150 tableaux, Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, 1989, p. 122-123.
Maurice Jean-Petit-Matile, Le Pays de Vaud vu par les peintres, Lausanne, Edita, 1986, p. 86-87.
Chavannes accomplit sa formation artistique auprès d’Alexandre Calame à Genève, puis d’Oswald Achenbach à Düsseldorf. Il revient en Suisse en 1874, où l’attend une carrière locale de paysagiste. Ses vues spectaculaires du Léman feront sa réputation, mais il explore aussi les quatre coins du canton de Vaud.
Souvent présente chez Chavannes, la montagne est presque toujours une toile de fond, un décor éloigné et délicatement embrumé. En cela le peintre rompt avec les romantiques des générations précédentes qui cherchaient à se confronter au sublime menaçant des Alpes. Il travaille des espaces larges où l’air circule. On le reconnaît à sa touche minutieuse et à ses coloris qu’il fait vibrer pour créer des atmosphères limpides et lumineuses, aussi à la recherche, par de savants mélanges, du ton juste.
Sur cette composition, une rangée d’arbres à gauche creuse la perspective de la vallée qui monte aux Diablerets. La colline au deuxième plan équilibre l’ensemble, répondant symétriquement à la succession des crêtes montagneuses à droite. Toujours habités et animés, les paysages de Chavannes sont indissociables de la présence humaine. Des personnages s’y promènent davantage qu’ils n’y travaillent, comme ici cette femme, pivot de la composition.
En cette fin de XIXe siècle où le tourisme se développe et modifie les mœurs et les paysages, le choix de cette vallée pour incarner l’idylle rurale n’est pas anodin. En effet, ce haut lieu du tourisme vaudois que sont devenus les Diablerets n’était alors qu’un hameau du village de Vers-l’Église, chef-lieu historique de la commune d’Ormont-Dessus… et aucun des chalets visibles ici n’était une résidence secondaire.