Bibliographie
Stéphane Fraetz (éd.), Stéphane Zaech. The Crossing, Lausanne, art&fiction, 2013.
Philippe Pirotte, Florence Grivel et Stéphane Zaech, Stéphane Zaech. Loyola, cat. exp. Bienne, Centre PasquArt, Zurich, Niggli, 2009.
Stéphane Fraetz (éd.), Stéphane Zaech. The Crossing, Lausanne, art&fiction, 2013.
Philippe Pirotte, Florence Grivel et Stéphane Zaech, Stéphane Zaech. Loyola, cat. exp. Bienne, Centre PasquArt, Zurich, Niggli, 2009.
Plonger dans l’univers de Zaech ou entrer dans son atelier est rassurant : on éprouve un sentiment de familiarité à retrouver les genres canonisés par l’histoire de l’art (portrait, paysage, peinture d’histoire) et on ressent de la joie à éprouver la solidité d’un métier, à mesurer l’ambition des formats, à voir encore pratiquées les techniques classiques du dessin et de la peinture à l’huile. Ce sentiment jubilatoire est vite contrarié cependant : la beauté grecque n’y est pas, ni l’harmonie des proportions, ni la transparence des sujets. Chez Zaech, tout paraît ne tenir ensemble que par la virtuosité de l’exécution qui permet de jongler avec les références aux maîtres qu’il a beaucoup regardés, du baroque à Pablo Picasso, Francis Bacon ou encore Alex Katz.
Le titre de ce tableau relance l’exercice familier à l’artiste de l’association d’idées littéraires et de rêveries caustiques. Il convoque la Seconde Guerre mondiale (Pearl Harbor) et l’église décorée par le Tintoret à Venise (Madonna dell’Orto) et où ce dernier repose, deux spatialités et temporalités qui se télescopent. Concrètement, on assiste à l’inscription comme forcée dans un paysage d’une figure inspirée par un peintre espagnol du XVIIe siècle, Diego Vélasquez, croisée avec des visages, des attitudes et des vêtements contemporains. Se retrouvent ainsi assemblés la préciosité d’une figure travestie (« pearl », la perle) et le caractère champêtre d’un panorama (« orto », le verger).
« Les haricots viennent directement des potagers du quartier, et le paysage montagneux est aussi à rapprocher de mon environnement, et corrompu par ma mémoire qui arrange les choses à sa convenance au fur et à mesure », précise Zaech. Un « arrangement » et une « corruption » de toutes sortes de choses donc qui, pour cette mascarade grinçante dans l’esprit du XVIIIe siècle, passe aussi par l’influence de la peinture de paysage chinoise classique, dans la composition et jusque dans la signature de l’artiste.