Bibliographie
Christoph Kihm et Christopher Vögele, Silvie Defraoui und überdies Projektionen (Archives du future), cat. exp. Soleure, Kunstmuseum Solothurn, Zurich, edition fink, 2014.
Denys Zacharopoulos, Daniel Kurjakovic et Konrad Bitterli, Defraoui. Archives du futur 1975-2004, cat. exp. Saint-Gall, Kunstverein St. Gallen Kunstmuseum, Genève, Mamco, Thessalonique, Macedonian Museum of Contemporary Art, Nuremberg, Verlag für moderne Kunst, 2014.
Daniel Kurjaković et Marie-Louise Lienhard, Silvie Defraoui. Nacht und Tag und Nacht. Night and Day and Night, cat. exp. Zurich, Helmhaus, Zurich, Memory/Cage Editions, 2000.
Defraoui étudie la peinture à l’École des beaux-arts d’Alger, puis la céramique à l’École des arts décoratifs de Genève. Elle débute une carrière solo avant de s’associer à Chérif Defraoui. Entre 1975 et 1994, le couple donne forme à une réflexion sur l’image, son statut et sa signification dans une société où elle circule depuis des siècles et où sa production s’intensifie sans relâche. Après le décès de Chérif, Defraoui continue à travailler dans un cadre de recherche intitulé Archives du futur, qu’ils avaient établi ensemble.
En réutilisant des images préexistantes et en les donnant à revoir, cette vidéo applique ainsi un de leurs principes. Devant un fond noir, une boule de papier glacé est jetée sur une table et dépliée par deux mains gantées, dévoilant progressivement le contenu d’une photographie. Le papier froissé est retiré, une autre boule est lancée et laisse apparaître une autre image. L’action est répétée, avec pour seule variante le feu qui est parfois mis à l’image. Le dispositif, qui rappelle celui de précédentes vidéos, a beau être simple, il semble procéder d’une illusion – expliquant la fascination exercée sur le spectateur, une fascination accrue par les bruissements du papier, seul son diffusé.
Sorte de diaporama, les photographies qui se succèdent sont tirées de la presse. Elles forment comme une mémoire collective des événements qui font l’actualité (scènes de guerre, chasse au phoque, famine, etc.). Chacune d’entre elles semble familière sans que l’on puisse directement la rattacher à un lieu, une date, une situation : tout semble aller trop vite pour que l’on puisse vraiment les identifier. Defraoui fouille dans notre mémoire (plis) et fait remonter à la conscience certaines images oubliées parmi toutes celles consommées quotidiennement, avant de les faire disparaître à nouveau (replis).