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La collectionBibliographie
Beatrice Avanzi, Daniela Ferrari, Fernando Mazzocca, I pittori della luce. Dal divisionismo al Futurismo, cat. exp. Rovereto, Mart, Museo di arte moderna e contemporanea di Trento e Rovereto, Milan, Electa, 2016, cat. 51.
Rêves, tourments et apparitions, cat. exp. Paris, Galerie Mendes, 2014, p. 64-67.
Simonetta Fraquelli, Christopher Riopelle et Tobia Bezzola, Radical Light : Italy’s Divisionist Painters 1891-1910, cat. exp. Londres, The National Gallery, Zurich, Kunsthaus, Londres, National Gallery Company Limited, 2008.
Durant ses études à l’Institut des Beaux-arts de Florence auprès du peintre Giovanni Fattori, Nomellini est initié au rendu de la lumière. Sous l’influence de l’impressionnisme français, il adopte rapidement les coups de pinceau brefs. Après sa rencontre avec Giuseppe Pellizza da Volpedo en 1888, le jeune peintre met au point une technique divisionniste toute personnelle, alliant touches en virgule et points de couleur. Ce procédé distingue ses œuvres de celles des autres artistes de sa génération lancés comme lui dans la quête d’une rénovation de l’art italien.
Alors que dans les années 1890 Nomellini, proche des milieux de la gauche radicale à Gênes, est l’un des artistes les plus engagés de la peinture sociale italienne, dès les premières années du XXe siècle, en grand lecteur de Gabriele d’Annunzio, il se tourne vers un symbolisme onirique. Il développe alors un vocabulaire allégorique teinté de références à l’Antiquité.
L’œuvre montre la poétesse grecque Sappho qui a déposé sa lyre à ses pieds et s’apprête à se jeter du rocher de Leucade, un thème en vogue au XIXe siècle, de Théodore Chassériau à Gustave Moreau. Son titre, Polifonia, met l’accent sur le lien que Nomellini souhaite tisser entre la musique et la peinture, sur sa volonté d’élaborer un langage réunissant les arts. Ici, les coups de pinceau ardents et rapides jouent la musique de la nature, le fracas des vagues s’écrasant sur les rochers et le sifflement du vent tourbillonnant. L’explosion chromatique participe de cette polyphonie, tout à la fois phosphorescente, acide et électrique. À la recherche d’effets lumineux encore plus intenses, le peintre épaissit sa matière et remplace la touche en virgule qu’il utilisait jusqu’alors par un tissu de filaments colorés, ajoutant du sable à sa pâte colorée afin de multiplier les zones d’accroche de la lumière. Ces expérimentations marqueront la nouvelle génération des futuristes, qui découvrent le tableau à la Biennale de Venise de 1905.