Bibliographie
Corsin Vogel et William Saadé (dir.), La montagne fertile. Les Giacometti, Segantini, Amiet, Hodler et leur héritage, cat. exp. Évian, Palais Lumière, Milan, Silvana Editoriale, 2021, no 15.
Paul Müller et Viola Radlach, Giovanni Giacometti 1868-1933. Werkkatalog der Gemälde, Zurich/Lausanne, Institut suisse pour l’étude de l’art, 1997, vol. II, no 1921.03.
Dieter Schwarz (dir.), Giovanni Giacometti 1868-1933, cat. exp. Winterthour, Kunstmuseum Winterthur, Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Coire, Bündner Kunstmuseum, Zurich/Lausanne, Institut suisse pour l’étude de l’art, 1996.
En 1921, Giacometti réalise quatre portraits peints d’Alberto, son fils chéri dont la renommée artistique dépassera la sienne. L’attention toute particulière qu’il porte au jeune homme l’année de ses vingt ans s’explique par la conscience – et peut-être l’inquiétude – qu’éveille en lui l’affirmation d’une vocation artistique qui s’est déclarée dès la prime jeunesse, dans des talents de dessinateur exceptionnels puis, dès l’âge de quinze ans, de modeleur hors pair. L’année suivante, Alberto quittera les montagnes de son val Bregaglia natal pour Paris, où il sera élève du sculpteur Émile-Antoine Bourdelle à l’Académie de la Grande Chaumière jusqu’en 1925, fréquentant avec assiduité les salles du Louvre.
Longtemps partagé entre peinture et sculpture, Alberto est ici dans le rôle du modèle, rôle qu’à l’instar de sa sœur et de ses frères il tient depuis l’enfance et qui a largement participé à son éducation artistique. Il porte une toque de fourrure qui dissimule son épaisse chevelure bouclée. C’est son regard qui frappe surtout, un regard tourné vers l’extérieur, méditatif, qui semble interroger le futur. Les sourcils épais, les lèvres charnues, le menton volontaire et le regard songeur définissent son visage. Le peintre déploie ici l’audace chromatique qui caractérise tout son œuvre. Les contours sont affirmés. Posées avec assurance et fluidité, les touches rapides sculptent le corps, cette masse violette et grise qui se détache sur un fond chaud. Le vert, le jaune et le rouge alternent, contrastent ou se fondent pour déterminer une dominante orangée.
Ce portrait est offert au Musée par Henri-Auguste Widmer, médecin et collectionneur lausannois qui cultive des liens d’amitié étroits avec la famille Giacometti.