Cuno Amiet
Portrait d’Anna Amiet, 1923

  • Cuno Amiet (Soleure, 1868 - Oschwand, 1961)
  • Portrait d’Anna Amiet, 1923
  • Huile sur toile, 60 x 55 cm
  • Dépôt de la Confédération suisse, Office fédéral de la culture, Berne, 1929
  • Inv. 826
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Compagnon de route de Giovanni Giacometti depuis leur formation académique à Munich et un séjour à Paris où ils partagent logement et atelier à la fin des années 1880, le Soleurois Amiet pourrait être surnommé le peintre-caméléon. Parce que d’une part, plus qu’aucun autre, il s’est montré perméable aux recherches de son temps dont son abondante production enregistre les effets jour après jour. D’autre part, comme Giacometti, il est un farouche défenseur du primat de la couleur. Cette conviction prend naissance dans le séjour initiatique qu’il effectue à Pont-Aven à l’été 1892 – découverte de Paul Gauguin et de Vincent Van Gogh – et se renforce par sa fréquentation de la communauté artistique Die Brücke, à Dresde, de 1906 à 1912.

Amiet épouse Anna Luder en 1898, et elle devient l’un de ses modèles favoris. Le chapeau vert (1897-1898, Soleure, Kunstmuseum), magnifique portrait réalisé au temps de leurs fiançailles, la représente coiffée d’un chapeau noir piqué de fleurs orange et agrémenté d’une véritable pièce montée en tissu d’un vert éclatant. Ce goût pour les coiffures extravagantes qui viennent installer comme des paysages sur la tête des femmes est moins le fait d’Anna sans doute, qu’un souhait du peintre dont les « portraits au chapeau » sont si nombreux qu’on peut imaginer qu’il les met en scène, plus intéressé par l’occasion que les couvre-chefs bigarrés offrent de faire chanter les couleurs que par le rendu des physionomies.

Ce portrait a été peint dans l’atelier du peintre à Oschwand, village bernois où Amiet s’est établi vingt ans auparavant. Anna, à l’aube de la cinquantaine, porte un ample manteau violet et une toque verte ornée de motifs jaunes, caractéristiques de la mode artiste des années folles. Devant un mur clair tapissé d’études et de tableaux, son buste se détache comme une montagne et son visage souriant accueille toutes les teintes environnantes. La touche est tavelée et le coloris éclatant, rompu régulièrement par des accords audacieux.

Bibliographie

Magali Junet, Mécène et collectionneur : la Société vaudoise des beaux-arts, cat. exp. Lausanne, Espace Arlaud, Lausanne, Société vaudoise des beaux-arts, 2011, p. 30-31.

Christoph Vögele, Ortrud Westheider et Michael Philipp, Ferdinand Hodler und Cuno Amiet Eine Künstlerfreundschaft zwischen Jugendstil und Moderne, cat. exp. Soleure, Kunstmuseum Solothurn, Hambourg, Bucerius Kunst Forum, Munich, Hirmer, 2011.