Alice Bailly
Portrait d’Arthur Honegger au « Roi David », 1921-1922

  • Alice Bailly (Genève, 1872 - Lausanne, 1938)
  • Portrait d’Arthur Honegger au « Roi David », 1921-1922
  • Huile sur toile, 82 x 66,5 cm
  • Don des Archives culturelles romandes, 2002
  • Inv. 2002-080
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Les rythmes sonores et contrastés et les coloris stridents dont l’œuvre de Bailly est empreint disent le rôle central joué par la musique dans son appréhension du monde sensible. À Paris, elle assiste en 1913 à la première du Sacre du printemps de Stravinsky. Elle fait partie du cercle choisi (Picasso, Archipenko, Apollinaire…) convié à assister en 1914 à un concert futuriste d’Alberto Savinio, frère de Giorgio de Chirico. En 1923, elle applaudit la première des Noces, du même Stravinsky, décors et costumes de Natalia Gontcharova.

 

La relation que Bailly entretient dès 1918 avec son mécène le plus éminent, Werner Reinhart, fondateur à Winterthour du Musikkollegium, lui donne l’occasion d’échanger sur leur passion commune pour la musique contemporaine. Au début des années vingt, l’artiste place tout en haut de ses préférences, aux côtés de Stravinsky, le compositeur suisse Arthur Honegger. Le 11 juin 1921, elle se rend à Mézières, au Théâtre du Jorat, pour assister à la première du Roi David, « drame biblique » et « hindou » de René Morax, avec une musique de scène d’Honegger et des décors d’Alexandre Cingria. Elle assistera encore aux deux dernières représentations de ce spectacle dont Reinhart a aidé à financer la création.

 

Ce tableau est la seconde version d’un portrait d’Honegger, la première se trouvant en collection particulière. L’artiste représente le compositeur la pipe à la bouche, la harpe du roi David posée sur le cœur. En arrière-fond, on aperçoit les acteurs costumés. L’harmonisation de la palette dans des tons verts, ocres et rouges, ainsi que l’équilibre des courbes et contre-courbes fondent en une seule réalité le compositeur et l’œuvre issue de son imagination.

 

Bibliographie

Paul-André Jaccard, Alice Bailly. La fête étrange, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, 5 Continents Editions, 2005.

 

Georges Duplain, L’homme aux mains d’or. Werner Reinhart, Rilke et les créateurs de Suisse romande, Lausanne, Éditions 24 Heures, 1988.