Bibliographie
Hortensia von Roda, « Das Familienbild – Weltis Bekennnis zur Heimat, zur Familie und zu sich selbst », in Albert Welti 1862-1912. Vom Haus der Träume zum Bundeshaus, cat. exp. Schaffhouse, Museum zu Allerheiligen, 1991, p. 24-33.
Lukas Gloor, Albert Welti (1862-1912), Stäfa, Th. Gut, 1987.
Cadre historié sculpté par l’artiste, utilisation de la tempéra, vérisme, palette rubénienne claire rehaussée de blanc : ce Portrait de famille trahit l’influence exercée sur Welti par les maîtres des anciennes écoles du Nord. À l’apogée de sa carrière et au mitan de sa vie, l’artiste se représente accoudé devant des éléments architecturaux (pont, escalier) qui symbolisent sa conscience de se trouver à un tournant. La composition repose sur trois blocs superposés. Au premier plan, le buste de l’artiste dont l’alliance exhibée dit l’importance qu’il accorde à la famille. Au plan moyen, le groupe tout aussi statuaire unissant son épouse Emeline et ses deux fils. Enfin, en arrière-fond, une montagne que gravit un berger et au sommet de laquelle des paysans dansent autour d’un feu de la Saint-Jean, célébration de l’arrivée de l’été, cette saison de la maturité. Le paysage, inspiré de la région de Locarno, exprime l’attachement de Welti à la Suisse, sa patrie natale.
Formé à l’Académie des beaux-arts de Munich dès 1882, puis élève d’Arnold Böcklin qui le marque durablement, le Zurichois Welti reste attaché à la couleur locale, à l’harmonisation des tons et à l’accentuation des contrastes ombre-lumière. Il évolue en marge d’une modernité stylistique incarnée à son époque par Ferdinand Hodler, Giovanni Giacometti et Cuno Amiet, ses iconographies savantes suggérant des rapprochements avec le mouvement symboliste. Autre « anachronisme », à l’heure de l’éclatement des structures traditionnelles du marché de l’art, Welti travaille encore essentiellement sur commande, comme en témoigne cette œuvre, dont l’initiative revient au mécène soleurois Oskar Miller. Ayant attendu près de dix ans, Miller renoncera à l’acquérir. Tout comme après lui Franz Rose-Doehlau, qui pensionne l’artiste après son retour à Munich en 1895. Finalement, c’est le Musée qui achètera le tableau enfin achevé, à l’occasion de sa présentation à l’Exposition nationale suisse des beaux-arts de 1904.