Bibliographie
Côme Fabre (dir.), Charles Gleyre. Le romantique repenti, cat. exp. Paris, Musée d’Orsay, Paris, Hazan, 2016, p. 37-39.
Catherine Lepdor (dir.), Charles Gleyre. Le génie de l’invention, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, 5 Continents Editions, 2006, cat. 113.
William Hauptman, Charles Gleyre 1806-1874. I Life and Works. II Catalogue raisonné, Princeton/N.J., Princeton University Press, Zurich, Institut suisse pour l’étude de l’art, 1996, n° 494.
De retour à Paris en 1838 après une longue absence, Gleyre doit reconstruire son réseau professionnel. Il s’appuie sur ses amis de jeunesse, parmi lesquels le peintre Sébastien Cornu et son épouse Hortense qui tient un salon influent. C’est elle, sans doute, qui présente Gleyre à Arsène Houssaye, directeur de la revue L’Artiste. Les deux hommes partagent les mêmes convictions républicaines, déjeunent souvent ensemble au café d’Orsay et, dès 1845, seront voisins rue du Bac. Houssaye réserve un accueil enthousiaste au tableau Le Soir envoyé par Gleyre au Salon de 1843 (Paris, Musée du Louvre); c’est lui qui le rebaptise Les Illusions perdues et il s’en porte acquéreur, avant de renoncer pour que l’œuvre puisse être achetée par l’État et exposée au musée du Luxembourg.
Ce portait inachevé fait la démonstration des talents de portraitiste de Gleyre. Installée devant un papier peint à motif de verdure, ou devant un paysage inachevé, la première épouse d’Houssaye, Anne-Stéphanie (Fanny) Bourgeois de la Valette, pose ici âgée d’une vingtaine d’années. Elle est l’égérie d’un petit cénacle qui rassemble les écrivains Sandeau, Sainte-Beuve, Dumas, Hugo, Gautier, Nerval et Musset. Nombreux sont les artistes qui la prennent pour modèle, parmi lesquels le sculpteur François Jouffroy dont le buste présenté au Salon de 1847 inspire à Théophile Gautier l’éloge de sa beauté (La Presse, 10 avril 1847): « Petit front grec baigné par des cheveux en ondes […]; regard vif et voilé, nez d’une arête fine […]; bouche tendre […]; menton ferme où le doigt des Grâces a indiqué une fossette […]; col frêle et souple […]; telle est cette figure qu’on prendrait pour l’Amour antique copiée par Léonard de Vinci. »