Bibliographie
Amazonas del arte nuevo, cat. exp. Madrid, Fundación Cultural Mapfre Vida, Madrid, Fundación Mapfre, Instituto de Cultura, 2008, p. 82-83.
Catherine Lepdor (dir.), en collaboration avec Anne-Catherine Krüger
Louise Breslau, de l’impressionnisme aux années folles, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, Skira, Paris, Seuil, 2001, n° 16.
Anne-Catherine Krüger, Die Malerin Louise Catherine Breslau (1856-1927). Biographie und Werkanalyse. Beschreibender Oeuvrekatalog des Gesamtwerkes, Dissertation Universität Hamburg, 1988, n° 143.
Ce portrait est réalisé alors que la Zurichoise Breslau traverse, depuis plus de deux ans déjà, une crise existentielle et artistique. À Paris depuis 1876, elle a suivi la formation dispensée aux femmes par l’Académie Julian, et son talent a été repéré par ses professeurs. Influencée par Edgar Degas et par le naturalisme de Jules Breton dès 1880, elle a déjà à son actif quelques portraits remarquables, parmi lesquels Chez soi (1885, Rouen, Musée des beaux-arts). Mais le doute la tenaille: «Si je ne peux donner une nouvelle et certaine preuve de ma valeur – je suis perdue», écrit-elle en janvier 1885.
Pour relever le défi d’un premier sujet de plein air en format monumental, Breslau se rend alors à la campagne. À Sannois, dans le jardin d’une camarade d’atelier, elle réalise les études pour ce tableau qu’elle exposera au Salon de Paris de 1886. La presse la range tout aussitôt parmi les disciples de l’impressionnisme: «Voulez-vous du plein air ? En voici par Mlle Breslau: le portrait d’une sienne compagne-ès-arts picturaux, assise dans un jardin, ce qui va, comme bien vous pensez, la teindre en vert et, par conséquence, la rendre affreuse, picturalement parlant.» De fait, l’œuvre, qui fait montre d’une vigueur exceptionnelle dans la conduite du pinceau, enregistre les effets changeants de la lumière et la peintre n’hésite pas à ternir le visage de son modèle dans l’ombre du chapeau.
Le tableau représentera l’artiste à l’Exposition universelle de Paris en 1889 où le jury lui attribuera une médaille d’or. Il sera acquis l’année même par le Musée. Avec cette représentation grandeur nature d’une femme peignant en plein air et fixant résolument le spectateur, Breslau poursuit son combat pour la reconnaissance des femmes peintres à une époque où les portes de l’Académie des beaux-arts de Paris leur sont encore fermées.