Johann Friedrich August Tischbein
Portrait de Nicolas Châtelain, vers 1800 - 1810

  • Johann Friedrich August Tischbein (Maastricht, 1750 - Heidelberg, 1812)
  • Portrait de Nicolas Châtelain, vers 1800 - 1810
  • Huile sur papier marouflé sur toile, 68,6 x 55 cm
  • Legs de Joséphine Chavannes, 1918
  • Inv. 1155
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Nicolas Châtelain et Johann Friedrich August Tischbein – le modèle et son peintre – appartiennent à des grandes dynasties. Le premier, fils de pasteur, est issu d’une riche famille de libraires d’Amsterdam que l’invasion prussienne de 1787 contraint à se réfugier dans le Pays de Vaud. Grand voyageur, il séjourne en Italie dans les années 1790 et se fera connaître par ses romans et ses pastiches littéraires. Le second, dit le Leipziger Tischbein, appartient à une lignée de peintres allemands célèbre sur trois générations. Formé à Paris et à Rome, il tourne le dos au portrait d’apparat au profit d’un néo-classicisme « sentimental ». Influencé par Élizabeth Vigée Le Brun et par les Anglais Thomas Gainsborough et George Romney, c’est le portraitiste le plus prisé d’Allemagne à la fin du XVIIIe siècle.

Deux premiers portraits de Châtelain (Munich, Neue Pinakothek) sont réalisés par Tischbein en 1791 et 1794, probablement à Amsterdam. Le jeune homme y est représenté en pied, grandeur nature, posant en jeune élégant dans un jardin, et en costume Renaissance dans un intérieur. Le portrait du Musée est réalisé quant à lui après 1800, alors que Tischbein dirige l’Académie des beaux-arts de Leipzig. Châtelain pose cette fois en homme de lettres, son doigt marquant la page d’un livre qu’il vient de refermer. En buste, devant un fond neutre, il est à l’aube de la trentaine et fixe le spectateur d’un regard mélancolique. L’étoffe noire et brillante du revers de son manteau et la mousseline blanche de sa chemise et de sa cravate offrent un écrin à son visage pâle aux joues légèrement rougies et aux belles lèvres sensuelles. Coiffé « à la Titus », Châtelain porte un couvre-chef « à la turque » de velours vert, doublé de fourrure, qui met en valeur la finesse de ses traits pour ce portrait à mi-chemin entre sévérité néo-classique et douceur romantique.

Bibliographie

Frédéric Elsig, Peintures des écoles du Nord (XVIe-XVIIIe siècles), Les Cahiers du Musée des Beaux-Arts de Lausanne n° 16, 2007, n° 36.

Marianne Heinz (dir.), 3 x Tischbein und die europäische Malerei um 1800, Munich, Hirmer Verlag, 2005.