Edgar Degas
Portrait d’homme, d’après Maurice Quentin de La Tour, vers 1868-1870

  • Edgar Degas (Paris, 1834 - 1917)
  • Portrait d’homme, d’après Maurice Quentin de La Tour, vers 1868-1870
  • Huile sur toile, 75 x 62,5 cm
  • Legs d’Henri-Auguste Widmer, 1936
  • Inv. 334
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Cette copie d’une œuvre de Maurice Quentin de La Tour conservée aujourd’hui au musée Jacquemart-André à Paris et datée de 1760 atteste de l’engouement de la fin du XIXe siècle pour le XVIIIe, l’âge d’or du pastel. Degas observe et dessine dès sa jeunesse d’après les œuvres de de La Tour conservées dans la collection de son père. Cet artiste occupera toujours une place importante dans ses réflexions sur le pastel. Plus tard, il visitera régulièrement le musée Antoine Lécuyer à Saint-Quentin qui abrite dès 1886 une grande partie du fonds d’atelier du pastelliste. Il n’est pas le seul d’ailleurs à accomplir ce pèlerinage : les frères Goncourt, Paul Gauguin, ou encore Henri Matisse vont y chercher la leçon de celui que Denis Diderot avait baptisé « le prince des pastellistes ».

Degas accorde une grande importance à la copie qu’il pratique bien au-delà de ses années de formation. Il copie d’après les maîtres anciens, mais aussi d’après l’antiquité, sans négliger les artistes du XIXe siècle, tels Jacques-Louis David, Jean-Dominique Ingres, Eugène Delacroix, mais aussi Adolph von Menzel et James Abbott McNeill Whistler. Par cet exercice, il cherche à retrouver chez ses prédécesseurs comme chez ses contemporains le trait juste, la formule appropriée : « Il faut copier et recopier les maîtres, et ce n’est qu’après avoir donné toutes les preuves d’un bon copiste qu’il pourra raisonnablement vous être permis de faire un radis d’après nature. » (Degas, cité par Vollard en 1924)

Le paradoxe de ce portrait est d’avoir été réalisé à l’huile. Degas n’exécute pas une reproduction exacte mais se livre plutôt à un exercice de style. L’artiste Il opère un changement radical dans la tonalité du fond, qu’il vire au bleu sombre, et dans l’expression du visage, auquel il confère une « moderne » mélancolie.

Bibliographie

Ariane Mensger (éd.), , cat. exp. Karlsruhe, Staatliche Kunsthalle, Bielefeld, Kerber, 2012, p. 238-239 et no 64.

Ann Dumas (éd.), The Private Collection of Edgar Degas, cat. exp. New York, The Metropolitan Museum of Art, Abrams, 1997, p. 129.

Theodore Reff, « Further Thoughts on Degas’s Copies », in The Burlington Magazine, vol. 113, no 822, septembre 1971, p. 534-543.