Francis Alÿs
Railings, 2004

  • Francis Alÿs (Anvers, 1959)
  • Railings, 2004
  • Vidéo, couleur, avec son, Park Crescent, 3’25’’, Sample 1, 1’35’’, Onslow, 1’21’’, éd. 3/4
  • Acquisition, 2014
  • Inv. 2014-001
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Depuis 1990, Alÿs marche. Ses déambulations ont débuté à Mexico City, sa ville d’élection depuis 1986, d’autres ont eu lieu dans les espaces urbains de São Paulo, Londres, Istanbul ou encore Jérusalem. Alÿs est sans conteste l’artiste « marcheur » par excellence, explorant et ré-imaginant la ville par ses itinéraires.

Dans Railings, Alÿs marche dans Londres en promenant une baguette de tambour le long de grilles pour créer un son urbain spécifique au lieu. Ce geste qui rappelle de prime abord un jeu d’enfant résonne de fait comme certaines musiques de John Cage ou de Steve Reich, et résulte d’un vaste répertoire de rythmes créés par les différents types de grilles que longe l’artiste. Au son issu du geste de la main s’ajoutent des bruits accidentels – un chien qui aboie, une sirène qui se déclenche, le vacarme des voitures. Mais c’est bien la partition spécifique que l’artiste superpose à la rumeur ambiante qui fait musique. Si son geste fait résonner l’espace lui-même, sa structure, sa linéarité, ses ruptures et ses rythmes architecturaux, l’impact de la baguette sur la barrière souligne à son tour le rythme des pas, le mouvement du corps dans l’espace, le passage du temps comme un mouvement.                               

Railings évoque une œuvre antérieure d’Alÿs, Time Is a Trick of the Mind (1998), qui consiste en une animation vidéo réalisée à partir de dessins, présentée en double projection. On y voit un homme qui marche le long d’une barrière, une baguette de bois à la main, et l’on entend le son de la baguette touchant le métal, parfois simultanément avec le geste effectué, parfois non, les deux rythmes combinés en créant ainsi un troisième. Railings peut dès lors être lu comme l’aboutissement d’un travail amorcé plusieurs années plus tôt, le dessin ayant fait place à la performance, la simulation musicale à la captation du réel.

Bibliographie

Mark Godfrey (éd.), Francis Alÿs – A Story of Deception, Londres, Tate Publishing, 2010.

Robert Harbinson, James Lingwood et alii, Francis Alÿs. Seven Walks, Londres, Artangel, 2005.

Andreas Bee et Anton von Bebenburg, Francis Alÿs : Time is a Trick of the Mind, Francfort-sur-le-Main, Revolver, 2004.