Luigi Monteverde
Raisins, 1889

  • Luigi Monteverde (Lugano, 1841 - 1923)
  • Raisins, 1889
  • Huile sur toile, 57 x 76 cm
  • Dépôt de la Confédération suisse, Office fédéral de la culture, Berne, 1925
  • Inv. 957
  • © Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne

Monteverde passe son enfance entre Lugano, Buenos Aires et Montevideo où son frère, peintre-décorateur, lui fait découvrir le métier. En 1870, il étudie à Milan dans l’atelier du peintre d’histoire Antonio Barzaghi-Cattaneo et à l’Académie de Brera. Durant sa carrière, il s’illustrera essentiellement par ses scènes de la vie rurale et ses natures mortes.

Ce tableau montre une treille s’élevant contre un mur sur lequel sont écrits deux vers tirés de la Divine Comédie de Dante (Purgatoire, XXV, 77-78) : « Considère la chaleur du Soleil, qui, jointe à l’humeur qui coule de la vigne, se fait vin ». En convoquant le poème fondateur de la langue italienne, l’artiste affiche son appartenance à la culture latine. Le motif renvoie quant à lui au peintre grec Zeuxis, l’inventeur légendaire du trompe-l’œil dont les raisins auraient réussi à leurrer les oiseaux. Monteverde, pour ses contemporains un nouveau Zeuxis, est surnommé aussi le Raphaël du raisin en raison d’une virtuosité dont il fait ici la démonstration par l’adoption d’une échelle grandeur nature et d’une mise en page qui, confondant la surface matérielle de la toile et celle, peinte, du mur, crée un espace parfaitement illusionniste.

La composition, reformulée trois ans plus tard avec la même citation et des dimensions analogues, constitue le point de départ d’une série de natures mortes au raisin qui poussent l’effet du trompe-l’œil en resserrant le cadrage sur les fruits. Ces œuvres visent un rendu quasi photographique : définition précise de la nervure des feuilles, texture charnelle de la peau des grains et de leurs différents états de mûrissement, de la fermeté jusqu’à la flétrissure. Elles révèlent en même temps une certaine perméabilité aux suggestions divisionnistes, notamment dans le traitement du mur qui vibre sous l’effet de la lumière.

Bibliographie

Mauro Natale (dir.), Peintures et sculptures italiennes et espagnoles : collections du Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne, Les Cahiers du Musée des Beaux-Arts de Lausanne n° 7, 1998, n° 58.

Giuseppe Martinola, Luigi Monteverde : 1841-1923, Lugano, Fondazione Ticino Nostro, 1980.