Bibliographie
Bernard Fibicher (dir.), Atlas. Une cartographie du don, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, 2019, p. 58.
Jean-Paul Felley et Olivier Kaeser (dir.), Denis Savary, cat. exp. Paris, Centre culturel suisse, 2016.
Clément Dirié (dir.), Denis Savary, cat. exp. Marne-la-Vallée, Centre d’art contemporain de la Ferme du Buisson, Zurich, JRP Ringier, 2013.
Savary s’est tout d’abord intéressé à la vidéo et au dessin, séduit par leur caractère « pratique et transportable », comme il l’explique en 2016 lors d’un entretien. Dès le début des années 2000, il développe par le biais de ces médiums un travail dont les références s’ancrent à la fois dans l’espace domestique – par exemple, dans des vidéos qui captent la simplicité d’environnements proches, comme La courtisane, 2003, dont le Musée possède l’une des éditions, ou Rumine, 2007 – et dans l’histoire de l’art et de la culture, de façon tour à tour indirecte – par exemple, la référence à Oskar Kokoschka dans la série de poupées Alma, 2007 –, ou frontale – comme dans la série Intimités, d’après Félix Vallotton, 2007, ou dans une réflexion sur l’histoire de la magie dans Houdini, 2017.
Acquise à l’issue de la première rétrospective suisse de Savary à la Kunsthalle de Berne en 2012, cette suite de dessins est caractéristique des références hybrides de l’artiste. Tracées à la mine de plomb au moyen de traits vifs et discontinus, les vingt-quatre feuilles qui la composent sont empreintes d’un érotisme qui se cache autant qu’il se révèle. Les fragments de corps enchevêtrés, les organes sexuels à peine suggérés par des lignes fines, presque hésitantes, qui marquent certains des contours, semblent se perdre dans une composition abstraite dès lors que l’on tente de les nommer. Ainsi les poitrines, les bras, les jambes tout juste identifiés s’apparentent l’instant d’après à des organismes indéfinis en train de se (trans)former.