Bibliographie
Lionel Bovier (éd.), Francis Baudevin. Miscellaneous Abstract, cat. exp. Genève, Société des Arts, Zurich, JRP Ringier, 2009.
Julie David, Frank Lamy et alii, Francis Baudevin. Accounting Fundamentals for Non Financial Executives, cat. exp. Vitry-sur-Seine, MAC/VAL – Musée d’art contemporain du Val-de-Marne, 2007.
Valérie Mavridorakis, Catherine Perret et alii, Peter Kogler, Stéphane Dafflon, Francis Baudevin, cat. exp. Nice, Villa Arson, 2002.
Depuis 1987, Baudevin produit une abstraction géométrique référencée, postulant qu’il est impossible de créer sans renvoyer, même involontairement, à des images préexistantes, même dans l’art abstrait. Chacune de ses œuvres reprend fidèlement les formes, les couleurs ainsi que les proportions d’une composition tirée d’un logo, d’un emballage ou encore d’une pochette de disque. L’artiste la décharge de tout texte et l’agrandit considérablement. Parfois le titre de l’œuvre fait encore allusion à sa source ; le plus souvent, la référence ne se donne plus à voir qu’à travers la reprise de ses éléments formels.
Cette démarche rend compte de l’omniprésence des aplats de couleur et du langage géométrique dans l’univers visuel qui nous entoure, mais aussi du caractère inépuisable du répertoire abstrait en dépit d’un vocabulaire réduit. Elle atteste par ailleurs la dissémination des différentes formes de l’abstraction, notamment de l’art concret, dans le graphisme (Baudevin a exercé ce métier, comme notamment Max Bill avant lui). Il y a ainsi comme un retour des formes à leur origine. Enfin, l’artiste montre à quel point les images publicitaires imprègnent notre mémoire ; il n’est pas rare en effet que ses œuvres provoquent un sentiment de déjà-vu.
Sans titre (Talens) est ainsi typique des œuvres de Baudevin. Dans un rectangle blanc sont agencés quatre quadrilatères, deux gris et deux rouge orangé, dont l’un est évidé par un cercle. Ce damier épuise un maximum d’oppositions (couleurs, formes, tailles). La peinture est appliquée de la manière la plus neutre possible ; aucune trace de pinceau ne s’observe, aucun geste ne se décèle. En l’absence de toute typographie, cette composition s’aborde comme une image. Elle revendique son unicité face à la multiplicité des produits de la marque Royal Talens, fournitures pour les beaux-arts, dont elle est issue.