Maurice Denis
Septima hora, vers 1903

Cette œuvre lumineuse, aux coloris chauds et veloutés mais aussi acides, est peinte dans une pâte épaisse et mate. Elle se situe à l’époque où Denis revendique un nouveau classicisme au sortir de sa période nabie. Ici, le peintre profondément chrétien associe un événement de sa vie familiale – une appendicite aiguë puis la guérison de sa fille Noële âgée de sept ans – et un épisode du Nouveau Testament – le rétablissement miraculeux du fils d’un fonctionnaire. L’artiste, qui a déjà perdu un enfant, passe des nuits en prière. Il écrit dans son Journal : « J’ai bien compris les belles scènes de l’Évangile : le Septima hora, reliquit febris » (à la septième heure, la fièvre l’a quitté).

La scène se déroule à La Bernerie, en Loire-Atlantique, dans la propriété de la famille La Laurencie où le peintre séjourne pour réaliser un portrait de la maîtresse de maison. La composition reprend le procédé des plans étagés cher aux Primitifs. En bas, dans une lumière crépusculaire, un groupe statuaire proclame la guérison de l’enfant. Noële, dans les bras de sa mère Marthe, tend le bras vers la clarté. Le geste est répété par deux enfants, dont Bernadette, autre fille de l’artiste, qui se détache en courant. Sur le seuil de la maison, le père de Denis est venu témoigner lui aussi. Au milieu, à droite, l’artiste, père de la miraculée, accourt. Enfin, en haut, le paysage s’ouvre sur l’océan et le ciel embrasé par l’aube naissante : à gauche, le Christ nimbé d’orange répond au fonctionnaire royal.

Le collage des scènes évoque les parallèles didactiques entre l’Ancien et le Nouveau Testament aux murs des églises. Ici, c’est le lien entre les guérisons de la Bible et celles non moins miraculeuses réservées aux croyants qui est illustré par Denis pour qui l’art est médiation de la parole divine.