Bibliographie
Johann-Karl Schmidt (éd.), Joan Jonas. Performance, Video, Installation 1968–2000, cat. exp., Stuttgart, Galerie der Stadt Stuttgart, Berlin, Neue Gesellschaft für Bildende Kunst (NGBK), Ostfildern, Hatje Cantz, 2001.
Okwui Enwezor, Francis Morris et alii, Joan Jonas, cat. exp., Londres, Tate Modern, Munich, Haus der Kunst, Munich, Hirmer, 2018.
Initialement formée à la sculpture, Jonas participe dès la fin des années 1960 au développement de la performance et évolue sur la scène de l’avant-garde new-yorkaise aux côtés d’artistes comme Robert Smithson, Richard Serra, Yvonne Rainer, Gordon Matta-Clark ou les membres de Fluxus. En 1969, elle acquiert une caméra Portapak et réalise deux ans plus tard sa première vidéo, Organic Honey’s Visual Telepathy. Dans ses premières œuvres, performances et images filmées sont toujours en étroite relation, les performances étant souvent précédées et prolongées par des vidéos et des films, parfois par des installations.
Entre 1970 et 1974, Jonas réalise cinq performances en extérieur, qui jouent avec le paysage et l’espace urbain. La quatrième s’intitule Delay Delay et a été réalisée sur les quais de Lower Manhattan à New York, sur les bords du Tibre à Rome, et lors de la documenta 5 à Cassel. Reprenant certains aspects de cette performance, Songdelay est filmé en 16 mm et fait usage d’un vocabulaire très cinématographique (grand angle, variation des distances de prise de vue, décalage entre son et image). L’action se déroule sur un quai de Manhattan où les performeurs – dont Jonas fait partie – produisent des sons, notamment en frappant des morceaux de bois, et dessinent des figures, des cercles ou des lignes sur le sol. Le public est tenu éloigné du lieu de représentation et assiste à la performance à partir d’un endroit surélevé. Le décalage entre les actions auxquelles assistent les spectateurs et les différents sons qui leur parviennent concourt à la définition des rapports spatio-temporels et donne la sensation de la topographie. Le rythme, la distance et les différentes formes de désynchronisation permettent à Jonas de procéder à une déconstruction de l’espace et de la durée, dans une performance tout à la fois précisément chorégraphiée et ouverte à l’improvisation.