Bibliographie
Olivier Mottaz, « Charles Blanc-Gatti, d’un futurisme tranquille », in Philippe Junod et Sylvie Wuhrmann (dir.), De l’archet au pinceau. Rencontres entre musique et arts visuels en Suisse romande, Lausanne, Payot, 1996, p. 153-167.
Arnauld Pierre, « La “musique des couleurs au cinéma”. Chromophonie de Charles Blanc-Gatti », Les Cahiers du Musée national d’art moderne, no 94, hiver 2005/2006, p. 53-71.
En 1911, Blanc-Gatti s’installe à Paris, ville alors en pleine effervescence artistique, où il travaille comme dessinateur-technicien. Après avoir été dessinateur de mode à Lausanne entre 1919 et 1922, le Suisse revient dans la capitale française. Il s’intéresse alors au musicalisme, cette théorie moderne des équivalences de sensations et de valeurs entre la peinture et la musique. Amorcé par le Français Henry Valensi, alimenté par les progrès de la physique et de la psychologie expérimentale, le musicalisme prend le relais de l’intérêt porté au XIXe siècle aux synesthésies, ces analogies entre les différentes perceptions sensorielles explorées par Charles Baudelaire dans son poème des Correspondances (1857).
En 1931, les musicalistes se réunissent au sein d’une association dont Blanc-Gatti est un des membres fondateurs. Avec Valensi, Gustave Bourgogne et Vito Stracquadaini, le Lausannois publie un manifeste en avril 1932 : « […] Nous prenons conscience, ici, que du point de vue esthétique, l’esprit musical prédomine notre époque et que, pour continuer traditionnellement de traduire notre vie, ‘‘l’Art doit se musicaliser’’ ». Exhortant à la transposition dynamique de la musique et à la traduction de la morphologie sonore, les signataires affirment vouloir « œuvrer en obéissant aux lois d’inspiration et de composition de la musique ».
Blanc-Gatti cherche à établir des concordances entre les vibrations sonores et les vibrations lumineuses, à retranscrire les ondes sonores, leur longueur, leur fréquence et leur mouvement. Il s’attaque aux œuvres de compositeurs variés, de Bach à Saint-Saëns ou Rimsky-Korsakov. Ici, le peintre a exécuté une interprétation picturale de la Suite bergamasque pour piano (1905) de Debussy, probablement de son troisième mouvement, Clair de lune. Dans une déclinaison de bleus, il déploie un répertoire de formes dérivant du cercle. Les arabesques, les lignes ondulantes, les spirales et les volutes s’enchaînent, s’enchevêtrent et irradient.