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La collectionBibliographie
Philippe Kaenel, Eugène Burnand, peintre naturaliste, cat. exp. Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts, Milan, 5 Continents Editions, 2004, p. 37-42.
La peinture suisse entre réalisme et idéal (1848-1906), cat. exp. Genève, Musée Rath, Genève, Musée d’art et d’histoire, 1998, n° 115.
Le Vaudois Burnand (Moudon, 1850 – Paris, 1921) s’installe en 1872 à Paris où il est l’élève de Jean-Léon Gérôme. Dès le début des années 1880, il s’inscrit dans le grand courant naturaliste qui traverse toute l’Europe et il se spécialise dans les scènes de genre paysannes et animalières traitées dans des formats traditionnellement réservés à la peinture d’histoire.
En séjour en Suisse durant l’été 1884, l’artiste réalise en deux mois ce Taureau dans les Alpes, une œuvre monumentale qu’il considère comme un manifeste. Sur les traces de ses prédécesseurs de l’École hollandaise, et en rivalité avec le Zurichois Rudolf Koller, il s’attaque au portrait bovin et produit une image au fort potentiel identitaire pour ses compatriotes, mais susceptible aussi de le positionner en France comme un des grands tenants du réalisme moderne.
Le tableau résulte de l’étude d’un paysage valaisan observé depuis Arolla et de croquis réalisés d’après la tête décapitée d’un taureau dans la maison familiale de Seppey, dans le canton de Vaud. Le morceau est spectaculaire, le coloris franc, le rendu virtuose. La belle bête de la race Simmental à la robe fauve tachée de blanc domine la vallée du sommet d’un pâturage. La buée qui s’échappe de son mufle signale la fraîcheur matinale de l’air en haute altitude. Le tapis d’herbe fleurie accueille le soleil et donne la note estivale. Le traitement atmosphérique des montagnes couvertes de neiges salies par la fonte traduit leur éloignement et la profondeur du val d’Hérens.
Présenté au Salon de Paris en 1885, le Taureau dans les Alpes est montré en avant-première à Lausanne en novembre 1884 et tout aussitôt acquis par souscription pour le Musée. Il sera encore envoyé à l’Exposition universelle de Paris en 1889 où l’artiste reçoit une médaille d’or. Le paysagiste français Jules Breton voit désormais en Burnand le rénovateur de l’école helvétique : « voilà la Suisse, vous serez le révélateur de ce pays-là… ».