Bibliographie
Anne-Marie Duguet et Jérôme Neutres, Bill Viola, cat. exp. Paris, Grand Palais, Galeries nationales, Paris, RMN, 2014.
Kira Perov (éd.), Bill Viola, cat. exp. New York, Whitney Museum of American Art, Los Angeles, Los Angeles County Museum of Art, Amsterdam, Stedelijk Museum, Francfort, Museum für Moderne Kunst, Schirn Kunsthalle & Karmeliterkloster, San Francisco, San Francisco Museum of Modern Art, Chicago, The Art Institute of Chicago, New York, Whitney Museum of American Art, Paris/New York, Flammarion, 1997.
Raymond Bellour, « La sculpture du temps. Entretien avec Bill Viola », Cahiers du Cinéma, n° 379, janvier 1986, p. 35-42.
Viola figure parmi les artistes qui, depuis la fin des années 1970, ont fortement influencé le développement de l’art vidéo. Formé à l’Université de Syracuse à New York, il expose pour la première fois ses recherches vidéo aux États-Unis en 1972 et présente deux ans plus tard une installation vidéo dans l’exposition Action Film Vidéo organisée par le groupe Impact à Lausanne, nouant des liens avec des acteurs de la scène locale, parmi lesquels Jean Otth.
The Reflecting Pool fait partie d’une série de cinq fragments indépendants qui, pris comme un tout, décrivent les étapes d’un voyage personnel en utilisant des images de transition, du jour à la nuit, du mouvement à la fixité, du temps au hors-temps. Viola y explore les possibilités de trucage de la bande magnétique. On voit un homme sortir d’un bois, et s’installer au bord d’une piscine, au centre de l’image. Son corps se reflète dans l’eau. Soudain, il saute en l’air et son corps se fige dans le vide comme dans un arrêt sur image. Cet arrêt ne concerne que l’homme alors que le reste des éléments continue à évoluer (les branches, l’eau, le bruit de la forêt). Dans un entretien avec Raymond Bellour en 1986, Viola dit de cette œuvre : « L’image est fragmentée en trois niveaux de temps distincts (temps réel, temps suspendu, laps de temps) et reconstruite de telle sorte qu’elle ressemble à l’image d’un espace unique. […] C’est vraiment comme si on sculptait du temps. »
Si plusieurs temporalités sont réunies grâce aux effets de la vidéo, la dimension symbolique du rapport entre l’être humain et l’eau est aussi au centre de cette œuvre, comme de tout le travail de Viola. En effet, l’eau y est omniprésente pour signifier les différents états de conscience (rêve, éveil), mais aussi les différentes étapes menant de la naissance à la mort, qu’il s’agisse du liquide amniotique, de l’eau du baptême ou encore de l’eau apocalyptique du Déluge.