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La collectionBibliographie
Fanni Fetzer (éd.), Claudia Comte, cat. exp. Lucerne, Kunstmuseum Luzern, Zurich, JRP Ringer, 2017.
Samuel Leuenberger et Guillaume Pilet, Claudia Comte, Lucerne/Poschiavo, Edizioni Periferia, Zurich, Pro Helvetia, 2013 (Collection Cahiers d’Artistes).
Comte revisite l’histoire des formes en empruntant ses références tant à la sculpture de la première moitié du XXe siècle (Hans Arp, Constantin Brancusi, Barbara Hepworth, etc.) et à certains mouvements artistiques (art concret, Op Art, Pop Art, etc.), qu’aux cultures vernaculaire et populaire (le cinéma, les cartoons, etc.). Elle les fait correspondre tout en créant un nouveau système visuel. Son choix de travailler essentiellement le bois, qu’elle taille à la tronçonneuse, lui vient de son enfance villageoise passée près d’une forêt. L’artiste revendique une proximité avec la nature et tient à la facture artisanale de ses œuvres. Organiques ou géométriques, celles-ci sont souvent insérées dans un environnement graphique puissant, comme des peintures murales aux motifs optiques, ou un ensemble de peintures sur châssis. Comte juxtapose ainsi physiquement les citations qu’elle convoque, selon des rapports toujours précis et un dialogue entre les deuxième et troisième dimensions, à la faveur du jeu comme du plaisir visuels.
Turn and Slip 120, 4/4, Turn and Slip 40, 1/4 et Turn and Slip 60, 4/4 font partie d’une série de peintures circulaires, dont le diamètre varie de 40 à 140 cm. Elles ont été réalisées à l’aide d’une brosse, dont la largeur correspond au rayon du support, appliquée en un seul tour de main. La décharge progressive du pinceau laisse apparaître des stries puis le blanc de la toile lorsqu’il n’y plus aucun résidu d’acrylique. L’indication « 1/4 » signifie que Comte a trempé son pinceau une fois dans la peinture afin d’obtenir cette densité chromatique, « 4/4 » signifiant ainsi qu’elle l’a imprégné quatre fois. L’artiste opère, à son habitude, selon des règles simples et explore ici la part aléatoire d’une méthode de composition qui, par principe, exige une application scrupuleuse. La condition picturale de l’abstraction est ramenée à un protocole, dont l’exécution est calibrée par un instrument, un geste et un support géométrique, et donc par les « virages » [turns] et « dérapages » [slips] du pinceau.