Ce site utilise des cookies afin de vous offrir une expérience optimale de navigation. En continuant de visiter ce site, vous acceptez l'utilisation de ces cookies.
Né en Inde dans une famille cosmopolite – son père d’origine hindoue est athée, sa mère est une juive irakienne –, Kapoor envisage de devenir ingénieur avant de s’installer définitivement à Londres en 1973, où il entreprend des études d’art. L’artiste roumain Paul Neagu est l’une de ses premières influences. Lors d’un séjour en Inde en 1979, il retrouve les couleurs vives des vêtements et des épices sur les marchés ou devant les temples. Kapoor se met alors à utiliser des pigments purs, renvoyant à la fois à la tradition occidentale moderne du monochrome et au symbolisme hindou. Il en recouvre des formes étranges qui, installées selon un plan précis, se répondent – ce système de relations internes libérant, d’après lui, une force énergétique. La puissance de la couleur définit désormais l’aspect de ses sculptures : elles semblent des corps mous, délicats, tactiles.
L’œuvre de Kapoor devient par la suite plus introspective. Les formes concaves sont privilégiées, les couleurs s’assombrissent et les dimensions des sculptures augmentent. La combinaison de ces caractéristiques crée l’illusion d’un espace « vide » dans lequel le spectateur plonge et voyage. Le pigment mat fait place ensuite à des matériaux réfléchissants, comme le bronze ou l’acier inoxydable poli. Ces « miroirs » permettent à Kapoor de développer de manière plus forte encore la relation de ses œuvres avec l’espace, qu’elles reflètent et déforment, et avec le spectateur qu’elles absorbent dans leur superficie.
C’est le cas de cette œuvre, grande ellipse dans laquelle on observe avec fascination l’image renversée de son corps qui s’élargit exagérément lorsqu’on s’en approche et qui est projeté au loin dès qu’on s’en écarte un peu. S’inscrivant dans une tradition, notamment duchampienne puis minimaliste, pour laquelle l’œuvre n’existe pas sans le spectateur, Kapoor compare cette relation fusionnelle de l’œuvre et du regardeur à celle du couple formé par les divinités hindoues Shiva et Parvati. Fixée au mur, la forme concave recueille et distord son environnement, comme pour questionner la stabilité du monde réel et de nos certitudes.
Bibliographie
Christine Vial Kayser, Anish Kapoor. Le spirituel dans l’art, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2013
Homi K. Bhabha, Anish Kapoor, Paris, Flammarion, 2011.
Né en Inde dans une famille cosmopolite – son père d’origine hindoue est athée, sa mère est une juive irakienne –, Kapoor envisage de devenir ingénieur avant de s’installer définitivement à Londres en 1973, où il entreprend des études d’art. L’artiste roumain Paul Neagu est l’une de ses premières influences. Lors d’un séjour en Inde en 1979, il retrouve les couleurs vives des vêtements et des épices sur les marchés ou devant les temples. Kapoor se met alors à utiliser des pigments purs, renvoyant à la fois à la tradition occidentale moderne du monochrome et au symbolisme hindou. Il en recouvre des formes étranges qui, installées selon un plan précis, se répondent – ce système de relations internes libérant, d’après lui, une force énergétique. La puissance de la couleur définit désormais l’aspect de ses sculptures : elles semblent des corps mous, délicats, tactiles.
L’œuvre de Kapoor devient par la suite plus introspective. Les formes concaves sont privilégiées, les couleurs s’assombrissent et les dimensions des sculptures augmentent. La combinaison de ces caractéristiques crée l’illusion d’un espace « vide » dans lequel le spectateur plonge et voyage. Le pigment mat fait place ensuite à des matériaux réfléchissants, comme le bronze ou l’acier inoxydable poli. Ces « miroirs » permettent à Kapoor de développer de manière plus forte encore la relation de ses œuvres avec l’espace, qu’elles reflètent et déforment, et avec le spectateur qu’elles absorbent dans leur superficie.
C’est le cas de cette œuvre, grande ellipse dans laquelle on observe avec fascination l’image renversée de son corps qui s’élargit exagérément lorsqu’on s’en approche et qui est projeté au loin dès qu’on s’en écarte un peu. S’inscrivant dans une tradition, notamment duchampienne puis minimaliste, pour laquelle l’œuvre n’existe pas sans le spectateur, Kapoor compare cette relation fusionnelle de l’œuvre et du regardeur à celle du couple formé par les divinités hindoues Shiva et Parvati. Fixée au mur, la forme concave recueille et distord son environnement, comme pour questionner la stabilité du monde réel et de nos certitudes.